Elizabeth ST-Léger

“The Lady Freemason”

Une demoiselle dans un boudoir…

Un jour, en Irlande, aux alentours de 1710 – Elizabeth avait environ 17 ans – par un sombre et triste après-midi d’hiver, la jeune fille s’était retirée dans la bibliothèque de son château familial pour y lire un peu…et s’y était endormie !

Au bout de quelque temps, elle fut éveillée par l’éclat de fortes voix. Tirée de son sommeil, elle chercha la cause de ces bruits et ne tarda pas à la découvrir. Le mur mitoyen entre la bibliothèque et la grande salle, où se tenait la loge qu’y réunissait son père, était alors en travaux. On avait détruit une partie de ce mur qui n’était pas encore entièrement réparé. Une tenture masquait sans doute grossièrement l’ouverture pratiquée dans la cloison : c’est par elle que les voix qui retentissaient dans la grande salle étaient parvenues aux oreilles d’Elizabeth.

Poussée par une curiosité naturelle et « innocente », Elizabeth écarta le rideau et regarda au travers du mur ! Ce qu’elle vit la pétrifia, et ce qu’elle entendit plus encore…

Prise de panique, craignant d’être découverte, elle se rua vers la sortie de la bibliothèque dont la porte donnait dans le grand hall d’entrée du manoir, sans doute décidée à regagner furtivement sa chambre…

Or, devant cette porte se tenait le Tuileur de la loge. Ce dernier n’était autre que le régisseur du domaine, un homme qui avait sans doute connu Elizabeth depuis son enfance et ressentait de l’affection pour une enfant sage et habituellement souriante. Voyant la mine effrayée d’Elizabeth, et parfaitement informé des travaux en cours, il ne mit guère de temps à comprendre ce qui venait de se passer. Il se résolut à frapper à la porte de la grande salle pour prévenir le Vénérable, le Vicomte Doneraile, de ce qui venait de se produire. Doneraile et les autres Frères de la loge sortirent dans le hall puis se rendirent dans la bibliothèque avec Elizabeth : dès lors, son « forfait » ne fut plus douteux...

Une longue discussion s’engagea. Dans une société alors très patriarcale où les femmes demeuraient d’éternelles mineures, passant du joug de leur père à celui de leur mari sans avoir le droit d’accomplir pratiquement aucun acte juridique sans l’autorisation expresse de leur « tuteur », celles-ci ne pouvaient prendre part à une loge – non seulement parce que la mixité eût été jugée attentatoire aux bonnes mœurs, mais parce que les femmes, d’une manière générale, ne pouvaient de leur propre chef prêter un serment, même devant un tribunal, sans la permission, voire la présence effective de leur géniteur ou de leur époux !

Or, ce jour-là, le Vénérable de la loge était le propre père de la charmante coupable ! On délibéra finalement de lui faire passer les épreuves de l’initiation et elle prêta serment entre les mains de son « Vénérable Père » …

Jusqu’à la fin de ses jours elle fut celle qu’on nomme encore, en Irlande, « The Lady Freemason » !

Une loge d'études et de recherches

Créée en 2003 sous l’égide de la Loge Nationale Française (LNF), la Loge d’Etudes et de Recherches Elizabeth St Leger a rejoint en mai 2015 la Loge Nationale Mixte Française (LNMF), fondée deux mois plus tôt par des Frères de la LNF toujours fidèles, par ailleurs, à leur Fédération d’origine.

Dans le même esprit que la LNF, mais en toute indépendance, la LNMF entend promouvoir une maçonnerie mixte, traditionnelle et spiritualiste, essentiellement consacrée au Rite Anglais Style Emulation. Dans sa Loge d’Etudes et de Recherches, Elizabeth St Leger, qui se réunit deux fois par an, la LNMF propose de faire découvrir et mieux comprendre l’esprit et les usages de la maçonnerie d’outre-Manche et les sources de la tradition maçonnique dans son ensemble.